• Barnabé : fils de l’encouragement ou fils de l’exhortation. Il exhorte pour encourager.
• Il est rempli d’Esprit-Saint et de foi. La première chose qu’il fait, c’est de voir la grâce de Dieu à l’œuvre et d’être ainsi dans la joie. C’est déjà un don de Dieu : d’avoir un regard surnaturel sur ce qui se passe dans une communauté. On peut ne voir que ce qui ne va pas…C’est important pour l’Eglise d’aujourd’hui. On peut vite être dans les plaintes au sujet des structures sans voir ce qui se passe vraiment dans les cœurs.
• Du coup il exhorte à « rester d’un cœur ferme attaché au Seigneur. » Voilà sa mission d’encouragement. C’est la mission du pasteur. Mais cette mission s’élargit à toutes la communauté des fidèles. Il nous faut nous encourager les uns les autres.
• Barnabé est un prophète (charisme donné au début de la vie de l’Eglise). Les prophètes avaient en particulier la charge de comprendre comment les oracles des prophètes de l’Ancien Testament conduisaient au Christ, annonçaient le Messie. Ils avaient l’intelligence des Ecritures.
• Il est envoyé avec Paul en mission.
• On voit, à partir de cela, se dessiner la mission de la Maison Barnabé.
◦ Cultiver un regard théologal sur la vie de l’Eglise et sur la vie des prêtres.
◦ Encourager les prêtres qui viendront afin qu’ils restent d’un cœur ferme attaché au Seigneur. Et qu’ils retrouvent la joie d’encourager à leur tour, en discernant l’œuvre de la grâce. Au fond cette Maison s’ouvre pour que les prêtres gardent précieusement la conscience d’être des Barnabé.
◦ Avec dans leur cœur la passion pour l’Ecriture, pour la Parole de Dieu.
◦ De sorte qu’ils puissent être envoyés en mission.
• Cette maison doit offrir un cadre favorable pour que les prêtres qui y viennent puissent se ressourcer humainement et spirituellement, dans le Saint-Esprit, dans la joie du Saint-Esprit.
• C’est pour nous tous l’occasion, nous qui aimons les prêtres, de prendre conscience qu’ils peuvent être confrontés à des épreuves qui les fragilisent.
• A vrai dire, les prêtres ne sont pas censés être des êtres faibles. On voudrait qu’ils conduisent le troupeau en étant à la fois :
◦ Exemplaires (on doit montrer l’exemple)
◦ Forts (on doit tirer les autres)
◦ Sans défauts et sans péché (puisqu’on est des prêtres).
• La culture dans laquelle nous vivons est une culture de la toute-puissance :
◦ La réussite est évaluée sur des critères d’efficacité, de rentabilité, de rendement financier, d’aura médiatique, de pouvoir.
◦ On exalte plutôt l’image de celui qui est indépendant, qui s’est construit tout seul, qui n’a pas eu besoin d’aide, qui s’est élevé par ses forces personnelles.
◦ On mesure la réussite à la croissance numérique (les données chiffrées doivent être en augmentation) : le modèle est celui de l’entreprise et de la production de biens matériels.
◦ Ces modèles atteignent notre vie ecclésiale.
• Or, face à cela, les prêtres font l’expérience :
◦ De leurs faiblesses : défauts de caractère, incompétence (chants, animation de réunion, communication, sport…), santé fragile, difficultés familiales, histoire personnelle difficile…
◦ De leurs péchés : nous recevons chacun le sacrement du pardon et nous savons pourquoi…colères, médisances, jalousies, manque de confiance, d’espérance, autoritarisme, manques à la chasteté, affectivité incontrôlée…
◦ De leurs échecs pastoraux (ou plutôt ce qui est ressenti comme tel) : peu d’inscrits à une marche paroissiale, conférence inintéressante, moins de jeunes à l’aumônerie, difficultés récurrentes avec l’eap, mésentente avec un autre prêtre…
• Le burn-out est d’abord une forme d’épuisement ; il arrive en particulier à ceux qui s’occupent des autres (infirmiers, avocats, et aussi mères de famille). Et donc aux prêtres (même si l’auteure n’en parle pas.
En général on attribue le burn-out à la fragilité de l’individu (elle ne tient pas le coup, elle est trop fragile, elle n’arrive pas à faire face…). Il est alors compris comme un échec personnel. Violaine Guéritault est une mère de famille qui a écrit sur leur fatigue émotionnelle ; sa thèse est que les causes du burn-out sont moins dans la personne que dans la vie qu’on mène et qui suscite du stress :
• Elle nomme ces stress : au nombre de 7 :
1. La surcharge de travail : comme une mère de famille le travail d’un prêtre est un travail 24h/24h qui n’est jamais fini.
2. L’absence de contrôle sur les évènements
▪ Ce n’est pas la toute-puissance de celui qui veut tout décider mais plutôt le sentiment de subir en permanence, ce qui est frustrant.
▪ Incapacité de pouvoir trouver des solutions à un problème.
3. L’imprévu arrive quand on ne s’y attend pas même si on peut trouver une solution après. Ce n’est pas la même chose que l’absence de contrôle : là il s’agit d’interruptions imprévisibles qui nous retardent, nous désorganisent, représentent des contretemps facteurs de stress.
Ex : obsèques qui tombent dans une semaine déjà surchargée.
Deux réunions qui se télescopent. Photocopieuse qui tombe en panne le vendredi à 21h…
4. L’absence de récompense ou de reconnaissance
▪ Sentiment d’inutilité, d’incompétence et donc colère et ressentiment.
▪ Or nous avons besoin de gratifications. Nous avons besoin de savoir que ce que nous faisons a une utilité, une valeur, est précieux pour quelqu’un. L’absence de récompense mène à une perte de motivation. Et à une situation de stress.
5. Absence de soutien moral et social par notre faute
▪ Réprimer ses angoisses augmente la tension, les confier la fait baisser. Or il y a parfois une culpabilité à ne pas savoir gérer ses angoisses. On ne veut pas les faire porter par les autres. Du coup on rumine la nuit et on perd le sommeil.
▪ = nécessité de parler. Aussi à une psychologue.
6. Pas le droit à l’erreur !
▪ La prise de conscience, par le prêtre, des responsabilités qu’il porte s’accompagne de stress. C’est à la fois un honneur immense et à la fois une responsabilité qui, parfois, semble abyssale et qui engendre, chez un prêtre, le sentiment de ne pas avoir droit à l’erreur et de devoir donner toujours plus.
7. Absence de formation appropriée pour les responsabilités exercées
▪ Dans le milieu professionnel ; l’absence de formation pour une mission donnée est génératrice de stress.
▪ Or un prêtre exerce beaucoup de tâches pour lesquelles il n’a reçu aucune formation.
▪ L’absence de connaissances pratiques renforce la sensation de manque de contrôle.
Voilà ce qui conduit les prêtres à cette fatigue émotionnelle, au burn-out. Nous souhaitons que, dans cette maison, ils retrouvent la joie d’être prêtre, le repos nécessaire, le ressourcement indispensable, le sens de leur ministère.
C’est une mission donnée à Hina, Olivier et au Père Benoît. Mais elle nous est confiée à nous aussi. Pour que nous retrouvions le sens de la fraternité avec les prêtres, de l’amitié avec eux. Cette maison nous interroge sur la manière dont la mission des prêtres est vécue et dont les fidèles peuvent porter avec eux l’annonce de l’Evangile.
Nous confions cela à Saint Barnabé.
Amen.